vendredi 30 janvier 2009

Pour s'amuser: prouver que ]-pi/2,pi/2[ est aussi grand que ]-l'infini, +l'infini[

Pour cela, il faut juste que je vous introduise ce qui va m'être utile pour cela.
La fonction tangente.
On sait depuis la 3éme que tan(x)=sin(x)/cos(x).
Après étude, on peut voir qu'elle est pi périodique, c'est-à-dire que tan(x+pi)=tan(x).
Elle n'est pas défini pour -pi/2+kpi (c'est-à-dire pour -pi/2 et tous les k*pi, k étant une variable relatif). Une étude peut également montrer que la fonction admet des tangentes verticales en -pi/2+kpi.
Elle est également strictement croissante sur les intervalles où elle est défini.
Restreint à l'intervalle ]-pi/2,pi/2[ la fonction possède comme limite -inf en -pi/2 et +inf en pi/2.
Voici sa représentation graphique:





















Voilà pour ce que j'avais besoin.

Donc alors, je pense que la représentation graphique vous aide à voir où c'est que je veux en venir!
Non?
Alors je vais introduire un peu de vocabulaire:
on peut voir que la fonction tangente est strictement croissante sur ]-pi/2,pi/2[, et que l'image de ]-pi/2,pi/2[ par f est ]-inf,+inf [ donc pour tout y € ]-inf,+inf [ il existe un unique x € ]-pi/2,pi/2[ tel que f(x)=y.
On dit alors que f est une fonction bijective, car elle est une bijection de ]-inf,+inf [ dans ]-inf,+inf [.
Si vous avez pas compris, c'est juste qu'on peut trouver juste un antécédent pour chaque y de ]-inf,+inf [.

Oui et alors?
Ben c'est là la clé: puisque f est bijective, chaque élément de ]-pi/2,pi/2[ peut être mis en bijection, c'est-à-dire qu'on peut associer à chaque élément une unique image, avec ]-inf,+inf [. Donc on peut dire que l'ensemble ]-pi/2,pi/2[ est comparable à l'ensemble ]-inf,+inf [ par bijection de la fonction tangente.



[Cette notion met en avant une des nombreuses théories sur les ensembles, dont l'une s'appelle la théorie des ensembles de Cantor...Pour les 3éme année!]

jeudi 29 janvier 2009

Zoom sur le théorème de Rolle

Zoom sur le théoréme de Rolle.


Niveau: 1éreS (ou ES spécialité math) pour l'idée, 1ére année de sup' pour les preuves.



1]Histoire


Rolle est un brillant mathématicien du XVIIéme siècle: il fut un brillant calculateur et résolut notamment le problème d'Ozanam « Trouver quatre nombres tels que la différence de deux quelconques soit un carré et que la somme de deux quelconques des trois premiers soit encore un carré. ». Il sortit d'ailleurs quelques livres sur l'Algébre, dont l'un traite du théorème de Rolle, vu en 1ére année de supérieur, mais instinctivement compréhensible par des étudiants ayant vu la dérivation et ses applications à l'étude des fonctions.


2]Théorème de Rolle


Énoncé du théorème:

Soit [a,b] un intervalle. On considère une fonction f continue sur [a,b] et dérivable sur ]a,b[, tel que f(a) = f(b).

Alors il existe c € ]a,b[ tel que f'(c) = 0.


Il faut savoir que la notion de dérivée, telle qu'elle est connue maintenant, c'est-à-dire comme étant la limite suivante:

lim f(x) - f(a)

x->a x - a


permet d'interpréter le résultat en terme géométrique.

Graphe:







On peut interpréter ce résultat comme étant la valeur de c comprise entre a et b tel que la tangente en ce point soit horizontale.

Ce résultat se saisit assez facilement instinctivement, car si une fonction n'est pas constante, donc tel que, pour tout x, f ' (x) =0, la fonction doit être forcément croissante puis décroissante pour permettre l'égalité f(a)=f(b).


Mais pour le prouver, il y a une démonstration rigoureuse que voici:

Preuve du théorème de Rolle:

f est continue sur le segment [a,b] donc est bornée et atteint ses bornes

(L'image d'un segment par une fonction continue est un segment).

Posons M=max f sur [a,b] et m=min f sur [a,b].

* Si f(a)=f(b) =/= M, alors il existe c € ]a,b[ tel que f(c)= M. D'après le résultat sur la caractérisation des extrema (selon lequel, pour xo donné, f(xo) est un maximum [ou un minimum], alors cela implique que f ' (c)=0) implique que f ' (c)=0.

  • Si f(a)=f(b) =/= m, alors il existe c € [a,b] tel que f(c)= m. D'après le résultat précédemment cité, f ' (c) = 0.


  • Si f(a)=f(b)=m=M, f est constante sur [a,b] par continuité. En effet f(a) = min f =max f, cela implique que min f = max f, d'où f constante. Pour tout c € [a,b],

  • f ' (c)=0.


CQFD.


Ce théorème donne naissance à deux autres théorèmes, plus connu car assez souvent utilisé, le théorème des accroissements fini et l'inégalité des accroissements finis.


3]Le Théorème des accroissements finis et l'inégalité des accroissements finis.


Le TAF est une variation du théorème de Rolle qui permet d'utiliser ce dernier sans condition du type f(a)=f(b).

Énoncé du théorème:

Soit [a,b] un intervalle de R, et f une fonction continue sur [a,b], dérivable sur ]a,b[. Alors il existe c € ]a,b[ tel que:


f(b) - f(a) = f ' (c)

b - a


L'inégalité des accroissements finis indique quant à lui que, si, pour tout x appartenant à ]a,b[

m < f ' (x) < M

m( b - a) < f(b) – f(a)< M( b - a ).



La démonstration revient à utiliser Rolle.

Preuve:

On est toujours sur ]a,b[, et on a toujours les mêmes hypothèses sur f.

On pose la fonction auxiliaire

Ω [a,b] -> R

x |--> f(x) – (f(a)+ (x-a)* (f(b) -f(a))/(b-a)


Ω est continue et dérivable en tant que somme de fonction dérivable sur [a,b].


On démontre sans problème que

Ω (b) = Ω (a).


Et que Ω '(x) = f ' (x) – (f(b) – f(a))/(b-a)



Selon le théorème de Rolle, il existe c € ]a,b[ tel que

Ω ' (c) = 0, d'où f '(c) = (f(b) – f(a))(b-a)



(conclusion pour le TAF, mais on va démontrer également l'inégalité des accroissements finis ou IAF).


On ajoute maintenant l'hypothèse que pour tout x appartenant à ]a,b[

m < f ' (x) < M.

Selon le TAF, il existe c € ]a,b[ tel que f '(c) = (f(b) – f(a))/(b-a)


D'où m( b - a) < f(b) – f(a)< M( b - a ).



Remarque: l'IAF est conservé dans ₵, mais pas le TAF.


On peut également généraliser le théorème de Rolle pour tout R.


4]Généralisation du théorème de Rolle.


Énoncé de la généralisation du théorème de Rolle;

Soit f une fonction continue sur R, et dérivable sur R.

De plus, lim en -∞ de f = lim en +∞ de f = ℓ.


Alors il existe c € R tel que f ' (c) = 0.


Preuve du théorème:

*Si f est une fonction constante, pour tout x appartenant à R, f ' (x) =0.


*Dans le cas contraire, on pose la fonction auxiliaire:

g [-1,1] --> R

x |---> f(tan(п*x /2)).


Le but de cette fonction auxiliaire est de permettre de se raccrocher à Rolle en réduisant l'intervalle à un segment.

On utilise la bijectivité de la tangente ( voir l'article sur la mise de bijection de ]-pi/2,pi/2[ et ]-inf,+inf[.) pour se ramener à un intervalle restreint à [-1,1].

On a également g(-1) = g(1) = ℓ. On a g continue sur [-1,1], et dérivable sur ]-1,1[.


On peut alors appliquer le théorème de Rolle.

Il existe c € ]-1,1[ tel que g ' (c) = 0.


C'est-à-dire

f ' (tan(п*c /2)) = 0

(cos(c))²


Sachant que pour tout c appartenant [-1,1], cos(c) =/=0, on a alors

f ' (tan(п*c /2)) = 0


En posant c' = tan(п*c /2), on a donc qu'il existe c tel que f ' (c') = 0.


CQFD.


On peut trouver encore moult propriétés sur le théorème de Rolle, mais il permet surtout de trouver certaine propriétés sur les fonctions faisant appel à la dérivation.